D’origine très modeste, Jean-Marie Chérel est né au Binio en Augan le 28 mai 1870. Il est recteur à La Gacilly de 1920 à 1932.
Il a quatorze ans lorsqu’il perd son père Mathurin âgé de 44 ans, jardinier au château du Lémo. Sa mère décède deux ans après à l’âge de cinquante-trois ans. Ses études sont prises en charge par un châtelain d’Augan. Cette générosité lui permettra de faire de remarquables études au Petit Séminaire de Ploërmel. « Brillant élève, de belle humeur, sa verve intarissable le faisait aimer de tous… ». Il sera à la fois bachelier es lettres et es sciences. Il entre au grand séminaire de Vannes, où il est ordonné prêtre le 15 juillet 1894. Dès 1893, il est professeur de grec pendant quelques mois aux Carmes de Ploërmel. Peu de temps après son ordination, il est inscrit à l’Institut Catholique de Paris pour étudier les sciences durant quatre années. Il obtient le certificat d’études supérieures de chimie générale et celui de chimie minérale. Une grande facilité pour les études lui laisse du temps libre pour faire connaissance avec la ville. Il revient en Bretagne où il est nommé professeur de mathématiques (1897-1901), puis de sciences physiques (1901-1907) au Petit Séminaire des Carmes de Ploërmel. Après la fermeture du Petit Séminaire de Vannes où il avait été nommé, il enseignera au collège Saint-François de Xavier de Vannes, la physique, l’histoire naturelle et les mathématiques. En-dehors de ses cours, il dirige la musique des Apprentis » et participe activement à la vie de la ville. « Acteur de théâtre émérite » et portant un intérêt certain pour cet art, il encouragera plus tard à La Gacilly les activités théâtrales. Versé au service militaire auxiliaire, sans doute à cause de sa vue, il part cependant, dès 1914, comme prêtre infirmier. Il reprend son poste de professeur à la fin de la guerre. C’est en 1920 qu’il sera nommé recteur de La Gacilly.
En octobre 1920, il annonce dans le Mois Paroissial la formation d’un Comité « destiné sous sa direction à entretenir, promouvoir et développer les œuvres paroissiales ». Ce comité donne une existence légale au patronage Saint-Jugon fondé par ses prédécesseurs et animé par l’abbé Dréano. La Saint-Jugon devient alors une société, régie par la loi de 1901 concernant les associations. Ses activités principales sont : la gymnastique sportive, la préparation au service militaire, la musique et le théâtre.
C’est à cette époque que le patronage Sainte-Anne, réservé aux filles, se fera apprécier par son activité théâtrale animée et soutenue par le recteur, amoureux de théâtre.
Dans un autre domaine, il propose les agrandissements de l’école Saint-Jugon puis fait construire le bâtiment du patronage qui deviendra plus tard l’école maternelle. Avec l’aide de l’abbé Crusson et du maire, le docteur Aillet, il fait achever les travaux de construction de la troisième chapelle Saint-Jugon, commencés par le recteur Foloreille en 1840, nous dit Jean-Claude Magré dans son Histoire de La Gacilly. Et c’est dans « ses instants de loisirs » que Jean-Marie Chérel se passionne pour l’histoire présente et passée de sa paroisse.
Il a laissé auprès des quelques anciens Gaciliens, le souvenir d’un homme de nature joyeuse : « Lors de représentations théâtrales, lorsqu’il avait du plaisir, il se carrait au fond de son siège, se frottait les mains et levait les yeux au ciel », se remémore Mme Marie-Thérèse Vallée. Tous nos anciens se souviennent aussi du grand mouchoir à carreaux, jauni (?) par le tabac à priser (rouge ! disent certains) qu’il déployait avant de monter en chaire où il n’hésitait pas à parler de politique.
Nous citerons l’hommage rendu lors de son départ par le Mois Paroissial de Janvier 1932, où il était écrit : « Tous les Gacilliens se souviendront du ‘‘bon pasteur’’ qui mit sa belle intelligence et son grand cœur à leur faire du bien. Les groupements de jeunesse surtout, masculins et féminins, qui reçurent de lui une vigoureuse impulsion, se rappelleront le curé des ‘‘Jeunes’’, aux initiatives audacieuses, aux vouloirs généreux, à l’optimisme rare, surtout dans l’épreuve. »
Il resta 12 ans à La Gacilly. En décembre 1931, l’abbé Chérel quitte la paroisse « condamné par ses médecins à un an ou deux de repos vocal absolu, sous peine d’aphonie ». Nommé aumônier à Saint-Gildas-de-Rhuys, sa santé s’améliora. Pendant trois ans il eût alors la charge du préventorium de Plumelec. Atteint d’une autre maladie, il démissionna et fut accueilli dans la maison hospitalière des sœurs du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Jacut (56) où il décéda en mai 1941. Il repose dans le petit cimetière des sœurs, dans une tombe commune à plusieurs prêtres.
Extrait de l'introduction du livre « La Gacilly son histoire », édité par La Gacilly Patrimoine en 2008.
Les textes sources de Jean-Marie Chérel sont publiés en partie dans le Mois Paroissial de son époque : la chapelle Saint-Jugon, le pont et l’hôpital Saint-Jean, l’ancienne église, puis la Révolution. Parallèlement à ces publications, Jean-Marie Chérel a rédigé un manuscrit.