Des salariés témoignent de leurs années de travail chez Yves Privas. Dans les années 60, l’entreprise gacilienne assemblait des panneaux préfabriqués pour la construction de cloisons dans les habitations.
Le personnel
Avec une trentaine de personnes de La Gacilly et ses environs, Joseph Cancouët et Marcel Geffroy effectuent un apprentissage sur des machines pendant six mois, à Laval, au siège de la société Privas. En 1964, après l’implantation d’un bâtiment Croix des Archers, l’usine mayennaise délocalise ses outils et trois contremaîtres lavallois en Bretagne. M. Privas forme ses futurs salariés, puis embauche des manutentionnaires pour compléter l'effectif. Une photo d’époque, prise sous l’auvent de l’entrée principale, immortalise une partie des 70 salariés de l'entreprise. Le personnel de bureau est au premier rang, devant les ouvriers.
L'usine
Sur le terrain de la nouvelle zone industrielle de la Croix des Archers, le bâtiment de l'usine est construit sur deux étages. Sur la gauche, un local distinct stocke les produits chimiques (colles, peintures, solvants...).
Les cadres
Le cadre, support des panneaux, est fabriqué dans l'atelier d'André Sellam situé à l'extrémité du chemin de la Poste, derrière le 1 rue du Menhir. Sous la toiture du bâtiment monté pour cette fabrication, le patron, son fils, Alexis Soulas et un autre salarié, coupent des pièces de bois et les assemblent pour constituer la structure des cadres.
La fabrication des panneaux
La construction d’un panneau débute au sous-sol par le découpage et la pose de polystyrène dans un cadre en bois. A l'étage, des ouvriers effectuent une succession d’opérations : le sciage des plaques brutes en amiante-ciment, l’application et le séchage d’un produit chimique, la pose d’une couche d’apprêt, l’encollage d’une face de la plaque, l’assemblage « en sandwich » de deux plaques d’amiante-ciment de chaque côté du cadre en bois, puis le pressage hydraulique. En fin de chaîne de fabrication, le panneau est déligné, une couche de peinture est appliquée sur une seule face du panneau par un robot. Le panneau fini mesure environ 2,5m de hauteur et 1,2m de largeur, pour une épaisseur de 8 à 10 cm.
Joseph prépare les colles et les peintures dans le laboratoire, Marcel travaille au poste 3 et applique le “rodot” sur les plaques avant une cuisson au four.
Les difficultés financières
En 1966, l'entreprise en faillite cesse son activité, plusieurs personnes subissent les conséquences de l'inhalation des poussières d'amiante très présentes dans l'atmosphère, notamment autour du poste de découpe des plaques avec une scie à disque. La m^me année, la société Privas est rachetée, mais la Gérance de SA Barbot ne parvient pas à maintenir son activité et délocalise la production au printemps 1969.
Yves Rocher acquiert les bâtiments Privas et ouvre en octobre 1969 le siège et la plateforme logistique la Croix des Archers.
Quelques précisions de ...
Joseph Cancouët
La préparation des panneaux s'effectue au sous-sol : découpage et pose du polystyrène dans les cadres. À l'étage, des ouvriers assemblent par collage 2 plaques plates d’amiante-ciment * de chaque côté du cadre. Le montage est posé sous une presse hydraulique pour obtenir la force de compression nécessaire à l'adhésion des éléments. En fin de chaîne de fabrication, une couche de peinture bleue mer est appliquée sur une seule face du panneau par un robot. Le panneau fini mesure environ 2,5 m de hauteur 1,2 m de largeur pour une épaisseur de 8 à 10 cm
Joseph travaille dans le laboratoire de peinture et de préparation des colles (la colle Causite). Il assure la fonction de magasinier et manutentionne les charges lourdes à l'aide d'un chariot élévateur Manitou à essence qui tombe souvent en panne, à défaut, il utilise un transpalette.
En 1965, l'entreprise en faillite cesse son activité, plusieurs personnes, dont monsieur Privas, sont malades des conséquences de l'inhalation des poussières d'amiante très présentes dans l'atmosphère pendant la découpe des plaques d'amiante avec des scies à disque.
Joseph trouve un nouvel emploi chez Unifer à Saint-Nicolas-de-Redon (actuel Bertrand Faure). En 1966 la société Privas est rachetée, Joseph réintègre la Gérance de SA Privas. Un an plus tard, il quitte l'entreprise pour reprendre la ferme familiale.
* Plaque amiante-ciment : Éternit épaisseur 5 mm, ou Glazal moins épaisse mais plus rigide
Marcel Geffroy
J'ai remplacé Joseph Cancoët, après son départ en 1967, au poste de préparateur peinture et des produits.
Nous avons été formés ensemble pendant 6 mois à Laval. Un car Morand nous transportait avec une trentaine de personnes de La Gacilly à Laval pour la semaine. En 1964, lors du transfert de l’activité de Laval à La Gacilly, le personnel de Laval a été licencié et 3 contremaîtres sont venus à La Gacilly : Arthur Gilbert, Marcel Boucaud (le chef d'atelier) et Georges Générat.
L’usine était organisée ainsi :
Bâtiment des produits à gauche : peinture, solvant, durcisseur, rodot (apprêt avant collage)
Bâtiment principal, étage et sous-sol : laboratoire de préparation des peintures, fabrication et bureaux, quai de réception à gauche et livraison à droite.
Réception de plaques amiante-ciment des fournisseurs Eternit (Rennes) et Prouvy ( ?)
Dimension 3 m x 1,2 m
Les postes de l’atelier de fabrication
Au sous-sol
Pose du polystyrène dans les cadres avec une armature et zigzag avec du fil de fer pour maintenir l’isolant en place.
2 ou 4 opérateurs, dont Jean Gauthier
A l’étage, l’atelier se développe sur toute la longueur en façade. De gauche à droite: le Labo, la réception, les postes de fabrication et l'expédition.
1er poste : sciage des plaques brutes d’amiante-ciment
François Soulaine (La Gacilly) et Marcel Quelard (Carentoir)
Table de coupe avec scie circulaire, dents diamantées
2ème poste : application d’une couche de « Rodot » sur une face des plaques, machine à rouleaux pour poser le produit.
Séchage au four d’une longueur de 10 m. Deux opérateurs récupèrent les plaques à la sortie du four.
3ème poste : première couche de peinture.
Michel Pédron et x
4ème poste : encollage d’une face avec une machine à rouleaux.
5ème poste : montage à plat des plaques sur le cadre en bois avec une presse hydraulique.
Délignage et finition.
Retouche de peinture.
Expédition
Les panneaux fabriqués mesurent environ 2,5 m x 1 m.
Après son départ, Marcel Geffroy suit une formation FPA de couvreur, il exerce ce métier pendant 33 ans, dont 22 à son compte.
André Ayoul
Au retour du service militaire, André entre chez Privas. Il travaille pendant 2 ans dans les bureaux en qualité de secrétaire, au côté d'Aimé Delamed (réalisation du planning et des plans), puis quitte l'entreprise pour Citroën à Rennes. Il n'a pas de souvenir précis de l'atelier, mais se souvient : « Depuis la fenêtre du bureau, je voyais le patron arriver en hélicoptère et atterrir sur le parking devant l’usine ».
Le personnel devant l'entrée de l'usine en 1964
Prénom et nom des personnes, de gauche à droite, de bas en haut
- rouge : Aimé Delamaide, Janine Faureau, ?, x Savran, André Ayoul, ? Dauphin, Gilbert Arthur, Marcel Boucault, ?
- bleu foncé : Yves Guillotte, Daniel Morin, Joseph Hercelin, Jean Gauthier, ?, Émile Roland, Joseph Royer, Albert Giqueau, ?, Albert Trégaro(t), Georges Générat, ?
- jaune : ?, ?, Joseph Cancouët, Roger Hercelin, ?, ?, Joseph Audran, ?, Eugène Foutel, ?
- vert : ?, Jean-Pierre Chevalier, ?, Jean Rollai, ?, ?
- violet : Robert Soulaine, ?, ?, François Soulaine
- bleu clair : Marcel Jarnier, ?, ?, ?, ?, Baptiste Texier, ?, André Hervé, ?, Marcel Ayoul, ?
Votre aide est la bienvenue pour compléter l'identification des personnes et nous adresser des photos sur l'activité de cette entreprise, nous contacter
Quelques repères
- 1962 Emprunt communal pour le financement du terrain de la première zone industrielle
- 1963 Construction de l'usine Privas SA
- 1964 Ouverture usine
- 1966 Faillite, fermeture usine
- 1967 Gérance de SA Privas
- 1968 Fermeture définitive de la gérance
- 1969 Demande d'autorisation par la Société Martinet et Cie, pour un dépôt d'alcool dénaturé dans ce bâtiment.