Les noms de lieu et de voie
Panneau du centre-ville et des hameaux de La Gacilly.

Dans certaines villes, les noms de rues évoluent au fil du temps. Ces changements s’expliquent notamment par des raisons historiques, des transformations politiques ou encore par le développement urbain.

Voici quatre exemples à La Gacilly.

Dites-vous « place du Marché aux cochons » ou « place des Sculpteurs » ? 
Située en haut de la rue Marcel Chénais, la petite place des Sculpteurs reste discrète, dépourvue de plaque de rue pour la désigner. Pourtant, dans les années 1990, la municipalité a choisi de rebaptiser l’ancienne place du Marché aux Cochons en « place des Sculpteurs ». Ce lieu, chargé d’histoire, a connu plusieurs vies : autrefois marché aux chevaux, il est devenu, au XVIIIe siècle, le marché aux cochons. Aujourd’hui, son nouveau nom rend hommage à la créativité locale, tout en conservant la mémoire de ses usages passés.

« Gralia » ou « Graslia » ?
La cité de Bel-Orient construite sur le versant Ouest de la butte de Gralia recouvre les terres de la ferme de Bel-Orient, située route de Glénac, peu après la sortie de la ville. La seule référence connue à ce lieu-dit est un aveu de 1639 concernant Gilles de Talhouët. Ce document évoque les landes de Grasléas, le lac de Beautermier, et un moulin à vent qui agitait ses ailes entre Graslia et la Forêt-Neuve. L’archive reste muette sur la ferme du même nom située en bas de la rue des Pins.
A fil des siècles, nous constatons l’évolution progressive du toponyme Grasléas, en Graslia puis Gralia. Ce dernier dérive peut-être d’un descriptif comme lande grêle.
Aujourd'hui, Gralia est la rue située entre les rues des Ajoncs d’or et du Pavillon. L’orthographe en usage pour désigner la butte est aussi le toponyme Gralia.

« Les Villes-Jeffs » ou « Villes-Geffs » ?
Depuis des décennies, les toponymes Villes-Geffs et Villes-Jeffs se confondent sur la signalisation routière et les documents de la commune.

Le terme « Villes » dans la toponymie bretonne désigne souvent un hameau, un domaine rural ou une ferme, issu du latin villa (« domaine rural »). Quant à la seconde partie, « Geffs » ou « Jeffs », elle pose question.

Hypothèse historique : lien avec la communauté juive 
L’hypothèse avancée fait le lien entre « Jeffs » et la présence juive en Bretagne avant l’expulsion de 1240. Il est possible que « Jeffs » soit une déformation de « Juifs », désignant un lieu où résidaient des membres de cette communauté. Cette explication est plausible, car il existe en France d’autres toponymes comme « Villejuif » (dans le Val-de-Marne), dont l’origine remonte à des terres ayant appartenu à des Juifs au Moyen Âge.

Variante orthographique : Geffs/Jeffs La confusion entre « Geffs » et « Jeffs » pourrait s’expliquer par des variations de transcription au fil des siècles, liées à l’oralité, à l’évolution de la langue ou à des erreurs de copie. Si l’on retient l’origine juive, la forme « Jeffs » serait effectivement plus cohérente historiquement.

Autres pistes Il est également possible que « Geffs » ou « Jeffs » soit un nom de famille ou un surnom local, mais l’hypothèse n'est pas documentée dans les sources locales.

Le toponyme « Villes-Jeffs » pourrait bien faire référence à une ancienne présence juive, cohérente avec l’histoire de l’expulsion de 1240,  lorsque Jean le Roux, duc de Bretagne, ordonne l’expulsion de tous les Juifs du duché. La variante « Geffs » semble être une déformation ultérieure. Ainsi, « Les Villes-Jeffs » apparaît comme la forme la plus fidèle à l’histoire locale.

« Chemin de l’Hôtel de France » ou « chemin de la Poste » ? 
L’actuel tabac-presse 15 rue Montauban arbore de curieuses décorations en bas-relief au-dessus des ouvertures : coq, homard, têtes de cerf et de bœuf. Ces figures animales rappellent que ce bâtiment abritait autrefois le restaurant la salle à manger de l’hôtel de France. Depuis le trottoir situé en face, on peut admirer les deux ailes de l’hôtel.
L’établissement hôtelier existait déjà au XIXe siècle, puisqu’un acte de 1887 décrit son agrandissement. Le chemin de la Poste fut nommé ainsi par le Conseil municipal en 1963, parce qu’il desservait l’arrière-cour de la poste, mais les Gaciliens lui préfèrent encore l’appellation chemin de l’Hôtel de France. La ruelle longe en effet le mur d’enceinte de cet ancien établissement, très connu des anciens.

Le résistance au changement

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les habitants peuvent continuer à utiliser l'ancienne appellation d'une voie ou d’un lieu malgré un changement officiel de nom, voici quelques explications possibles :

  • Les habitants ont souvent des habitudes établies, et le nom d'une rue fait partie de leur quotidien depuis des années. Il peut donc être difficile d’adopter le nouveau nom de la rue, même s’il a officiellement été modifié.
  • Pour d’autres, le nom d’un lieu peut être associé à des souvenirs importants, tels que des événements de leur enfance, des rencontres avec des amis ou des proches, ou encore des moments marquants de leur vie. La transformation du nom peut donc être perçue comme une perte de ces souvenirs.
  • Enfin, certains habitants peuvent simplement ne pas aimer le nouveau nom donné à la rue, qu'ils trouvent peu pratique, pas adapté, ou inesthétique.

Il est important de noter que même si les habitants continuent d'utiliser l'ancienne appellation, les services postaux, les services d'urgence, les cartes et les autres moyens de communication officiels utilisent désormais le nouveau nom de la rue. Il est donc recommandé de se conformer à cette nouvelle appellation pour éviter toute confusion ou erreur.