Les récentes inondations de la rivière Aff à La Gacilly illustrent bien les conséquences significatives que peuvent avoir de tels événements sur les activités humaines, l’environnement et la biodiversité.
Les crues, bien qu’elles fassent partie du cycle naturel des rivières, entraînent des conséquences notables. L’érosion des berges et du fond des rivières modifie la morphologie du milieu. Les eaux recouvrent le lit majeur de la rivière, parfois, le lit mineur de la rivière peut changer de place après une crue intense. Les inondations soudaines sont particulièrement dangereuses pour la sécurité des personnes, car elles ne laissent pas le temps d’évacuer. Le courant peut emporter des personnes et des biens, comme des voitures et des bâtiments fragiles. Les infrastructures de transport, notamment les ponts, sont vulnérables et peuvent céder sous la pression du courant. Cela peut entraîner des coupures de routes et des difficultés d’accès aux zones sinistrées, compliquant les opérations de secours et de reconstruction.
A La Gacilly, les inondations sont une submersion de zone habituellement hors de l’eau, comme le quartier du Bout du Pont. On parle de « crue lente de plaine » lorsque la rivière sort de son lit et envahit les terrains aux alentours. Il s’agit d’inondations relativement longues, qui peuvent persister plusieurs jours, voire semaines. Ces inondations sont généralement consécutives à un épisode pluviométrique intense, de plusieurs journées, sur le bassin aval de l’Oust qui s’étend sur 2 départements (Morbihan et Ille-et-Vilaine). Les communes touchées sont : Beignon, Campénéac, Carentoir, La Chapelle-Gaceline, Cournon, La Gacilly, Glénac, Guer, Quelneuc et Saint-Malo-de-Beignon.
Dommages dus à la submersion prolongée
La biodiversité est affectée : une partie de la faune aquatique et terrestre est emportée, et la végétation peut être arrachée. Les espèces les plus vulnérables peuvent néanmoins voir leurs populations diminuer de manière significative, ce qui peut perturber l’équilibre écologique local. Lorsque les eaux stagnent, les impacts s’aggravent. La végétation qui a résisté au courant peut dépérir si elle reste submergée trop longtemps, privée de lumière et d’air. Les sols peuvent également être dégradés, perdant leur fertilité et nécessitant des interventions coûteuses pour être restaurés.
La sécurité des populations est menacée par l’isolement, le manque de ressources et de nourriture. Des accidents industriels peuvent survenir, causés par la défaillance de systèmes de sécurité inondés. Par exemple, des installations de refroidissement peuvent tomber en panne, entraînant des dommages collatéraux ou de fuites de substances dangereuses. Les activités économiques en zone inondée subissent des pertes importantes : récoltes détruites, bétail noyé, bâtiments et machines endommagés. L’arrêt des activités économiques entraîne des pertes supplémentaires. Les entreprises peuvent faire face à des coûts élevés pour remplacer les équipements endommagés et pour nettoyer et réparer les installations. Les pertes de revenus pendant la période d’inactivité peuvent également mettre en péril la survie de certaines entreprises.
Cette semaine, La Gacilly fut marquée par l’inondation du sous-sol des restaurants et des commerces de la place de la Ferronnerie, ainsi que des habitations environnantes. De l’autre côté de la passerelle, l’Institut de beauté et la Boutique Yves Rocher, adossés au moulin historique de La Gacilly, regardaient l’eau affleurer le seuil de la porte, pendant qu’un mètre d’eau noyait l’espace de la future capitainerie du port de plaisance. Rue de l’Aff, le parking de la Fabrique en cours de travaux d’aménagement a été recouvert de quelques dizaines de centimètres à certains endroits. Rue de l'Aff, le parking de la Fabrique, en cours de travaux d’aménagement, a été recouvert par quelques dizaines de centimètres d’eau à certains endroits. Face à la montée du niveau de l’eau, l’entreprise Pierre Morel, où une quarantaine de salariés fabriquent 40 000 macarons par jour, a dû cesser la production dès le 27 pour surélever les machines. Elle espère une reprise de l’activité début février.
La Gacilly a les pieds dans l’eau, c’est un scénario bien connu et qui inquiète toujours les habitants impactés à la veille d’un fort coefficient de marées.
La fluctuation du niveau de l’eau au cours d’une journée de crue résulte en partie de la gestion du barrage d’Arzal. Dans l’estuaire de la Vilaine, cet ouvrage assure un rôle clé dans la gestion hydraulique de la Vilaine et de ses affluents. À chaque marée descendante, dès que le niveau de la mer est plus bas que celui de la rivière, le gestionnaire de l’ouvrage ouvre les cinq portes du barrage pour laisser se déverser un débit hors norme, jusqu’à 1000 m3 d’eau par seconde. Pendant les crues, la navigation est interdite et aucun éclusage n’est programmé. Le dispositif reste exceptionnel, mais l’étape ultime n’est pas encore mise en œuvre : l’effacement total du barrage. Quand le niveau de son déversoir est atteint, l’ouverture des vannes peut être maintenue jour et nuit. Dans ce cas, les eaux de la mer et de la Vilaine ne font plus qu’une. Mais actuellement, il est impossible de transposer cette mesure à Arzal en raison des forts coefficients de marée annoncés début février qui entraîneraient une entrée massive d’eau salée dans les terres.
Pollution de l’eau et des milieux
Les inondations entraînent une pollution de l’eau due à la dispersion de carburants, hydrocarbures et autres produits chimiques stockés dans les zones inondées. Cette pollution peut causer la mort de la faune et de la flore et persister longtemps après le retrait des eaux. La mauvaise qualité de l’eau affecte tous ses usages, nécessitant par exemple des traitements supplémentaires pour la production d’eau potable et impactant directement des activités comme l’agriculture. Après le retrait des eaux, des dangers pour la santé et la sécurité apparaissent. Les bâtiments doivent être nettoyés, désinfectés et séchés pour éviter les moisissures et garantir leur solidité. Les infrastructures des réseaux d’eau potable peuvent être contaminées (regard de ventouse, chambre de vannes), nécessitant une décontamination. Les réseaux et équipements enterrés, tels que la téléphonie ou l’alimentation électrique des ouvrages urbains, peuvent être endommagés par l’excès d’eau, nécessitant des réparations coûteuses. De plus, les inondations peuvent entraîner la corrosion des matériaux et la dégradation des infrastructures, augmentant les coûts de maintenance et de remplacement. Les installations de gaz, chauffage et électricité peuvent être endommagées, présentant des risques d’incendie.
Les réseaux de collecte des eaux usées et les systèmes de drainage peuvent disperser des polluants dans le sol, contaminant ainsi les eaux souterraines, posant des risques pour la santé humaine et l’environnement. Les déchets emportés par la rivière contribuent également à la pollution des milieux.
Parmi toutes les conséquences identifiées, n’oublions pas que les inondations récurrentes ont un impact significatif sur le moral des habitants des zones touchées. Le stress et les traumatismes liés à ces événements naturels peuvent entraîner de sérieux problèmes de santé. De plus, les efforts de reconstruction, qui peuvent s’étendre sur des mois, voire des années, exigent des ressources financières et humaines non négligeables. Ces facteurs combinés aggravent encore la situation des populations affectées.
26 janvier 2025
Dates des dernières crues ayant entraîné la déclaration de catastrophe naturelle : 07/02/2014, 05/01/2001, 12/12/2000, 25/12/1999, 17/01/1995, 15/01/1988