Le château de La Gacilly, le donjon du 12e siècle
Donjon de la Roche-Posay, Vienne

Des sources historiques, des photos et quelques hypothèses, pour faire revivre le château fortifié de La Gacilly...

Le donjon

En 1140, le domaine de La Gacilly est la propriété de Raoul de Gaël, qui projette d’y faire édifier un donjon. Cependant, il décède en 1142 avant que le projet n’aboutisse. Son fils, Olivier de Montfort, hérite alors du domaine et lance la construction du donjon roman de forme quadrangulaire aux alentours de 1150. En 1160, il est établi que la tour fortifiée de La Gacilly est achevée, une première mention de cet édifice datant de cette année-là. L’édifice repose sur des fondations ancrées directement dans le sol naturel(2), sans excavation préalable. Pour former une motte castrale, des travaux de terrassement sont réalisés : la terre autour du donjon est excavée sur plusieurs mètres, créant un relief artificiel de 8 mètres de hauteur qui enveloppe partiellement les bases de la structure.

Des dimensions imposantes :

La motte présente un diamètre de 50 mètres à sa base,(3)
Murs de 3 mètres d’épaisseur renforcés par des contreforts saillants,
Hauteur totale atteignant environ 20 mètres depuis la base de la motte,
Accès au premier étage par une échelle amovible, un système défensif simple et efficace.

Ce donjon présente des similitudes architecturales marquées avec celui de La Roche-Posay, qui mesure 14 mètres de côté. Les deux édifices partagent un plan quadrangulaire et un système d’accès surélevé. Les techniques de construction utilisées reflètent les standards défensifs du XIIe siècle, alliant la massivité des structures à des adaptations au relief.

Le château

Au début du XIIIe siècle, Philippe de Montauban, marié vers 1200 avec Gosceline II de Montfort, décide de renforcer la défense du donjon. Préalablement, à la création du nouveau château, une construction défensive est édifiée sur la butte dite du petit château. C’est probablement une tour, dont la proximité avec le futur château, offre une défense temporaire pendant la construction et un dispositif supplémentaire après l’achèvement des fortifications du grand château.

Le grand château couvre la surface de la motte du donjon. Une nouvelle enceinte circule à sa base, elle est faite de murs, de tours d’angle et d’un pont-levis entre deux tours maîtresses. L’espace enclos protège le logis seigneurial adossé au mur nord-ouest, la basse-cour devant le logis et la motte du donjon. Une tourelle d'escalier est flanquée à l’est du donjon(4). L’escalier devient le nouveau moyen pour accéder aux étages du donjon. 
L’escarpe au nord-est et à l’est, côté rivière, offre naturellement un avantage défensif. Le fossé creusé à l’ouest du mur d’enceinte, entre le grand et le petit château pouvait retarder les attaques des assaillants. Le fossé ou douve fut peut-être ennoyé par les eaux d’une retenue alimentée par le ruisseau des Brelles. Une mesure de nivellement montre que cette hypothèse est plausible.

Alain II devient seigneur de La Gacilly et de Montauban en 1331, à la mort de sa mère Julienne de Tournemine. Le château est pris et ruiné par les Anglais vers 1350, à cause de son engagement militaire auprès de Charles de Blois et Bertrand du Guesclin. Vers 1380, Olivier V de Montauban entreprend des travaux de réparation très importants et améliore le logis seigneurial.
Un minu du 27 janvier 1465 évoque l’état du château lorsque Françoise d’Amboise devient dame de La Gacilly : « Les habitants de La Gacilly et les tenanciers ne devront le guet que quand le château sera en réparation ». Ceci veut dire que sa demeure seigneuriale nécessitait une restauration importante. Les travaux ne furent jamais entrepris et le château demeura inhabité.

Des aveux décrivent le château de La Gacilly

  • 10 juin 1526 : « le pourpris, emplacement, motte, douves et appartenances du chasteau de La Gacilly lesquels sont de longtemps en ruine ».
  • 13 septembre 1639 de Gilles de Talhouët : « emplacement et mazière du vieil château de ladite seigneurie ».
  • 18 août 1727 : « la motte de l’ancien château de La Gacilly, depuis longtemps ruiné par caducité ».

Au début du XIXe siècle, les pierres des ruines du château sont réemployées pour bâtir plusieurs constructions de la ville. Entre 1836 et 1840, les derniers vestiges des murs d’enceinte sont démolis et jetés dans les fossés. La butte arasée conserve probablement quelques pierres du château médiéval dans le sous-sol de l’école.

(1) À l’emplacement de l’école Jean de La Fontaine. Deux photographies, prises avant la démolition des fondations du donjon, témoignent de son existence. 
(2) À l’emplacement de l’actuelle église Saint-Nicolas
(3) Les parcelles dites Butte du vieux château, dessinées sur le cadastre de 1824, matérialisent la position d’une élévation de terre.
(4) Le Morbihan, son histoire et ses monuments, François-Marie Cayot-Délandre.