Carte dessinée par Oronce Fine (1494-1555)
Carte dessinée par Oronce Fine (1494-1555)

Depuis la carte de la Gaule dessinée par Claude Ptolémée, la cartographie de la France a connu de profonds changements, reflétant les progrès des connaissances géographiques.

Le peuplement de la France en bref
L'histoire du peuplement de la France débute au Paléolithique, suivi de l'arrivée progressive des premiers hommes modernes en provenance d'Afrique, qui remplacent les populations néandertaliennes entre environ 42 000 et 35 000 ans avant notre ère. Vers 5000 av. J.-C., des populations d'Anatolie atteignent le territoire français et supplantent les groupes mésolithiques.
Vers le Ve siècle av. J.-C., les Celtes arrivent et fondent la Gaule. Plus tard, la région tombe sous la domination romaine entre le IIe et le Ie siècle av. J.-C. Aux Ve et VIe siècles, des communautés bretonnes émigrent en Armorique depuis le Sud-Ouest de la Bretagne insulaire (actuelle Angleterre). Parallèlement, des populations de Vikings s'installent en Normandie à la fin du Ier millénaire.
De ces périodes, seul le récit de Jules César sur la conquête de la Gaule est parvenu jusqu’à nous. Sous la forme de textes rassemblés dans sept livres, le proconsul romain commente ses guerres et décrit les pays conquis. Mais son œuvre ne comporte pas de carte, ni de plan de bataille.

Les cartes
Depuis la carte de Claude Ptolémée (100-168), jusqu’à la Renaissance (1330), la cartographie de la France a connu de profonds changements, reflétant les progrès des connaissances géographiques, l'évolution de la perception du territoire et l'élargissement du champ cartographique.

Les cartes générales du royaume et de ses subdivisions administratives étaient réalisées par les géographes du roi, offrant une vision globale du pays, mais souvent basée sur une documentation hétéroclite. En revanche, les plans détaillés de places fortes, de marches, de batailles, ainsi que les cartes des frontières et de l'état-major, étaient conçus sur place par des ingénieurs militaires pour des fins de défense ou d'expansion du royaume.

Les plans d'arpentage, plans terriers et cadastraux sont devenus des outils précieux pour l'administration fiscale. Les cartes topographiques, les plans d'embellissement urbain, les cartes des ressources géologiques et minières, ainsi que celles issues de la Statistique nationale, ont fourni une vision détaillée du territoire, permettant des analyses, une gestion et une valorisation du pays. Les levés hydrographiques des côtes de France et la cartographie des routes et des canaux ont été réalisés par le corps des Ponts et Chaussées, favorisant le développement économique et les échanges.

Ces cartes de France offrent une mine d'informations sur l'évolution géographique des régions et des territoires.

La plus vieille carte de la France
La première carte de France est nommée « Nova totius Galliae descriptio » (1525). Mathématicien, astronome et cartographe français, Oronce Fine (1494-1555) est l’auteur de la première carte « moderne » de France. Elle mesure 95 cm x 68 cm, La toponymie remarquable est indiquée en latin pour les peuples : Galia Celtica (La Gaule celtique), les provinces et les villes sont en caractères gothiques.

La carte de Cassini, la plus précise du royaume de France
La plus précise et ancienne carte du royaume de France est établie au XVIIIe siècle, par la famille Cassini, une famille de quatre géographes italiens installés dans le royaume à la fin du XVIIe siècle. Elle couvre l'intégralité du territoire français. Composée de 180 feuilles, les levés de terrain ont débuté en 1750 pour être achevés en 1789, sous la gouverne de César-François Cassini de Thury (Cassini III) (1756-1784) et son fils Jean-Dominique Cassini (Cassini IV) (1625-1712).
Les plaques de cuivre gravées ont été ensuite tirées à l'Observatoire de Paris de 1757 à 1790. Initialement destinée à être vendue à une clientèle aisée, certaines éditions ont été rehaussées de couleurs à l'aquarelle.

En 1747, Cassini de Thury accompagne Louis XV en Flandre lors de la guerre de Succession d'Autriche. Il est chargé d'établir des cartes locales autour des champs de bataille. Lors de la présentation d'une de ces cartes au Roi, sur site, le 7 juillet 1747, ce dernier lui précise ses exigences : « Je veux que la carte de mon royaume soit levée…, je vous en charge… ». Ce sera le point de départ de l'établissement des cartes individuelles. (…) L'entreprise nécessite des ingénieurs formés sur le terrain par des « seniors » issus des équipes ayant travaillé sur le maillage du deuxième ordre. Entre 1750 et 1756 leur nombre ira en progressant de 8 à 20. (…) De retour à Paris, ils mettent au net leurs observations, calculent leurs triangles et les distances des objets sélectionnés. Ce travail terminé, ils remettent leurs registres à Cassini de Thury – aidé de son père – pour approbation. (…)
En 1756, huit ans après l'origine de l'entreprise, Cassini de Thury présente donc au roi les deux premières cartes particulières du royaume. Le roi en est satisfait, mais devant les difficultés du royaume dont la guerre de Sept Ans, (…) La carte de France n'est plus subventionnée. Cassini de Thury fonde alors une société de cinquante associés afin de rassembler les fonds nécessaires pour finir les levés de la carte. (…) Mort en 1784, César-François Cassini ne verra jamais l'achèvement de la carte de France. Son fils, Jean-Dominique, dit Cassini IV finira les travaux de son père.

La Méthode de levée de la carte de Cassini

La remarquable précision de la carte de Cassini résulte de l'utilisation de la méthode de triangulation lors de son élaboration. Cette méthode consiste à mesurer la distance entre deux points B et C, puis à mesurer les angles formés par les droites reliant ces points à un point de référence A. En appliquant les formules de trigonométrie, les distances BA et CA peuvent ensuite être calculées. Cette technique a été utilisée pour la première fois par le Hollandais Snellius en 1615, puis par l'abbé Picard en 1670, et enfin de 1683 à 1718 pour mesurer une grande méridienne allant de Dunkerque à Perpignan. Chaque feuille de la carte de Cassini présente également les distances en toises par rapport à la méridienne de Paris et à sa perpendiculaire, qui relie Saint-Malo à Strasbourg. En outre, chaque planche comporte près de 300 points de repère tels que des édifices et des hauteurs, qui ont été utilisés pour établir une triangulation secondaire.

Découvrez La Gacilly au XVIIIe siècle dessiné sur la carte de Cassini

Après la réalisation de la carte de Cassini, la cartographie du territoire français est principalement prise en charge par les militaires, soulignant l'importance stratégique d'une telle cartographie. Une carte générale d'état-major est ainsi produite de 1816 à 1866. Cependant, en 1940, le service géographique de l'armée est transformé en un organisme civil, connu sous le nom de l'Institut géographique national (IGN).

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Références :
https://www.le-cartographe.net/dossiers-carto/histoire-de-la-cartographie/55-precurseurs
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1983_num_92_513_20208
https://www.geoportail.gouv.fr/
https://histoire-image.org/etudes/cartographie-service-monarchie-carte-cassini
https://gallica.bnf.fr